Descendre dans le Musée du 11 septembre, c'est faire le chemin inverse de ceux qui ont fui les tours ce jour-là. Pendant qu'eux montaient vers la lumière pour sauver leur vie, vous, vous descendez vers les profondeurs de Ground Zero pour comprendre leur histoire. 21 mètres sous terre, là où s'enfonçaient les fondations du World Trade Center, un musée de 10 000 mètres carrés conserve la mémoire de cette journée qui a changé l'Amérique.
Attention, c'est du costaud niveau émotionnel.
L'architecture : descendre pour mieux comprendre
Une rampe vers les profondeurs
La descente commence par une rampe conçue par Davis Brody Bond qui vous emmène progressivement 21 mètres sous terre. Cette descente n'est pas anodine : elle symbolise le voyage du visiteur depuis la surface vers les fondations mêmes de ce qui fut le World Trade Center.
Sur les murs de cette rampe, des citations et des images d'archives accompagnent votre descente. "No day shall erase you from the memory of time" - "Aucun jour ne vous effacera de la mémoire du temps", vers de Virgile qui accueille les visiteurs.

Foundation Hall : la cathédrale de béton et d'acier
Au cœur du Musée se trouve Foundation Hall, un espace de 60 mètres de long et 15 mètres de haut qui occupe l'espace exact entre les fondations des deux tours. Les murs d'origine du World Trade Center, ces parois de béton armé qui ont résisté à l'effondrement, forment les murs de cette salle.
C'est ici que trône la "Last Column" - la dernière colonne - cette poutre d'acier de 11 mètres recouverte de messages, photos, dessins et mémoriaux laissés par les équipes de secours. Voir cette colonne couverte de milliers de signatures, c'est comprendre que Ground Zero a été bien plus qu'un chantier de déblaiement : ça a été un lieu de pèlerinage pour tous ceux qui y ont travaillé.

Les objets qui racontent l'indicible
Plus de 10 000 témoins silencieux
Le Musée conserve plus de 10 000 objets récupérés sur le site ou donnés par les familles. Chaque objet raconte une histoire, chaque histoire rappelle qu'il ne s'agit pas que d'Histoire avec un grand H, mais de vies humaines brisées.
Un casque de pompier cabosselé, une chaussure de femme abandonnée dans l'escalier, des fragments d'avion, mais aussi des objets plus intimes : lunettes, montres arrêtées à l'heure de l'impact, porte-monnaie avec des photos de famille.

Antenne de la tour Nord
L'antenne de la tour Nord du World Trade Center (moyen facile de distinguer la tour Nord de la tour Sud, la dernière n'avait pas d'antenne 💡) s'est écrasée comme le reste de la tour lors des attentats.
Dans le musée, il est possible de voir ce qu'il en reste : 5% seulement de l'antenne n'ont pas été détruits !

La Surviving Glass
La Surviving Glass, ou fenêtre survivante, est la seule fenêtre n'ayant pas explosé lors des attentats. Parmi les plus de 40 000 fenêtres des 2 tours, c'est la seule qui a "survécu". Elle était située au 82è étage de la tour Sud.

Le camion de pompiers 21 : témoin de l'héroïsme
Parmi les pièces les plus impressionnantes, le Ladder Company 3, ce camion de pompiers écrasé par les débris. De cette caserne de East 13th Street, 11 pompiers sont partis ce matin-là. Un seul est revenu. Le camion témoigne de l'ampleur de la destruction, mais surtout du courage de ceux qui ont couru vers le danger.

Les espaces d'exposition : trois étages d'émotion
L'exposition historique : chronologie d'une tragédie
L'exposition principale retrace chronologiquement les événements du 11 septembre, depuis les préparatifs des terroristes jusqu'aux conséquences géopolitiques. Vidéos d'archives, témoignages de survivants, communications radio des secours : tout y est pour comprendre comment cette journée a basculé.

L'une des sections les plus poignantes présente les messages vocaux laissés par les victimes coincées dans les tours. Écouter ces derniers mots d'amour, ces "je t'aime" désespérés, ça vous retourne l'estomac mais ça rend leur humanité à ces 2 977 noms gravés dans le bronze là-haut.
In Memoriam : les visages derrière les noms
Cet espace présente les 2 977 victimes à travers des photos, des témoignages de proches, des objets personnels. Chaque personne a droit à son portrait, sa petite histoire. On découvre que John, 34 ans, adorait jouer de la guitare, que Maria collectionnait les grenouilles en peluche, que Robert avait prévu de demander sa copine en mariage le week-end suivant.
C'est là que le chiffre "2 977 morts" prend un sens. Ce ne sont plus des statistiques, ce sont des gens comme vous et moi qui sont partis au bureau un mardi matin et ne sont jamais rentrés.
Les détails qui marquent
Le mur des visages disparus
Une section entière est consacrée aux "missing persons" - ces milliers d'avis de recherche placardés dans tout New York les jours suivant l'attaque. Ces visages souriants sur des photocopies, avec "Have you seen..." écrit au marqueur, rappellent l'espoir désespéré des familles.
Les escaliers de Vesey Street
Une portion des fameux escaliers de Vesey Street, par lesquels des centaines de personnes ont fui la tour nord, est conservée dans le Musée. C'est la seule structure située au-dessus de Ground zero à ne pas s'effondrer lors des attentats du 11 septembre 2001. Les escaliers servaient également d'entrée à la station WTC Cortlandt (nommée à l'époque Cortlandt Street)

La boutique : entre souvenir et commerce
Le Musée dispose d'une boutique, ce qui peut paraître décalé pour un lieu de mémoire. Mais les bénéfices servent à financer les activités éducatives. Entre les livres d'histoire et les t-shirts "Never Forget", chacun jugera s'il veut repartir avec un souvenir matériel de cette visite.

Il est possible d'acheter un drapeau américain dans la boutique. Tous les drapeaux vendus sont ceux qui ont été utilisés en extérieur pour le Mémorial du 11 septembre et sont datés de leur date d'utilisation.

Infos pratiques : préparez-vous psychologiquement
Réservation obligatoire
Contrairement au Mémorial extérieur, l'accès au Musée nécessite un billet. Réservation fortement conseillée, surtout autour du 11 septembre où l'affluence explose.
Les contrôles de sécurité sont draconiens : pas de gros sacs, pas de liquides, temps d'attente parfois long. Comptez 2 à 3 heures pour une visite complète.
Attention, contenu éprouvant
Le Musée ne cache rien de la violence de ce jour-là. Images explicites, témoignages poignants, reconstitutions détaillées des derniers instants : ce n'est pas une visite à prendre à la légère. L'entrée est déconseillée aux moins de 10 ans, et même pour les adultes, ça remue. Ne soyez pas étonné d'avoir les larmes aux yeux pendant la visite ou en sortant, ça ne viendra surement pas d'une poussière dans l'oeil.
Le bon moment pour venir
Évitez les week-ends et les vacances scolaires si vous voulez un minimum de tranquillité. Tôt le matin ou en fin d'après-midi, l'atmosphère est plus propice au recueillement.